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  • Didier Leuba
  • J'effectue des recherches sur ma propre famille ainsi que toutes les autres familles LEUBA originaires de Buttes et de la Côte-aux-Fées.
Pour me contacter: didierleuba@hotmail.com
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La Combe (999 mètres), Noirvaux (984 mètres) et le Grand Suvagnier (1101 mètres) situés dans le prolongement de la Vallée de Buttes appelé Longeaigue et qui est traversé par la grande route postale Buttes-Sainte-Croix

 

La plupart des noms de ces hameaux viennent des familles qui y résidaient autrefois ou de la situation des maisons. Des familles aux noms de Bolle, Leuba, Bourquin, Jeannet, habitent encore la Côte-aux-Fées.

 

D’autre part le nom de Côte-aux-Fées avec son orthographe actuelle a fait très souvent supposer que cette contrée était autrefois le séjour de quelques génies merveilleux que l’imagination a créés. Cependant l’étymologie n’est pas difficile à découvrir. Le mot fées trouve son explication dans le sens du mot fayes qui est l’orthographe de tous les anciens actes. (Voir monuments Matile: Coste-aux-fayes et Costa des faies.) Le mot fède dans le provençal désigne le petit bétail à cornes et spécialement les brebis. Fède (du latin hoedus, hoeda et dans le bas-latin foedus, foeda, d’où fède et chez nous faye). Cette explication nous paraît la meilleure et indiquerait la Côte oû l’on met paître les brebis 1.

 

Toutefois on a aussi fait des rapprochements avec fagus, le hêtre, ou avec fadus, fada, le fadet, la fée. Qui sait si cette dernière étymologie n’a pas servi quelque peu à donner plus de merveilleux aux descriptions du Temple dont nous parlerons plus loin.

 

La saison d’été, trop courte sur ces hauteurs, et les beaux jours d’automne font de la Côte-aux-Fées un des plateaux les plus riants du Jura, Les touristes commencent à s’y rendre et les amis de l’air pur, ceux qui cherchent un séjour de montagne, y affluent depuis quelques années. Malgré son éloignement des chemins de fer, la Côte-aux-Fées est en progrès et l’aspect du hameau central a changé assez sensiblement depuis 1830.

 

Voici ce qu’en disait à cette époque Allamand: «La Côte-aux-Fées offre quelque chose de simple et de champêtre qui flatte l’œil. Partout des habitations, des champs bien cultivés, des pâturages et des bois; et partout cet aspect qui s’éloigne peu encore du degré de civilisation purement agricole… Point de routes, mais seulement de simples et assez mauvais chemins, des sentiers dans toutes les directions et traversant de jolis bois; une foule de propriétés séparées par des murs secs… tout imprime à cette partie de la mairie un air de solitude délicieuse.»

 

L’aspect s’est modifié surtout depuis la construction des trois grandes routes 2 et l’établissement des services postaux. Lorsque l’on vient de Sainte-Croix ou de Buttes, la vue d’ensemble ne manque pas de charme et ces hameaux nombreux semés dans la verdure et dans les forêts de sapins présentent à l’œil un tableau des plus agrestes. Il y a dans toutes les directions des sites enchanteurs remplaçant les points de vue remarquables peu nombreux. Le Chasseron avec sa haute roche blanche, s’élevant à plus de 1609 mètres au-dessus de la mer, ferme comme un rideau épais la vue du plateau suisse et des Alpes. Les trois autres côtés sont masqués par des monts peu élevés, qui entourent la Côte-aux-Fées en y formant comme un bassin.

 

Le plateau de la Côte-aux-Fées est coupé par de nombreux accidents de terrains, et, en particulier, par un petit vallon qui le suit dans toute sa longueur, en se rétrécissant toujours davantage et qui sert actuellement encore à l’écoulement des eaux. Les géologues supposent, avec raison, croyons-nous, que ce lieu fut couvert par les eaux longtemps après que le Val-de-Travers eut cessé d’être un lac. Le petit vallon dont nous parlons témoigne dans sa partie nord du travail des eaux. Les ravins nombreux de cette partie du sol ont tous la direction de la coupure de Longeaigue. Ce couloir servait de chemin, il y a quelques années, et portait le nom de sentier de la Baume. Aujourd’hui il faut être un grand ami de la nature sauvage pour aller s’y promener, car l’eau a complètement bouleversé ce chemin étroit.

 

La Grotte-aux-Fées est le site le plus connu de cette partie du pays. Les histoires les plus fantaisistes se rattachent à celle grotte. Nous les indiquons comme curiosité. Un manuscrit de 1687 3 (Gallandre) nous dit: «Il se trouve creusé dans le rocher la forme d’un grand temple posé comme à l’environ du quart de la hauteur du rocher, et dans iccluy se remarque comme trois voutes, celle du milieu représente la nef et est plus hautes que autres deux qui sont à côté et deça et dela. Le temple se trouve bien avant formé et assis dans le rocher qui est d’une hauteur incroyable qui va tout d’aplomb en descendant, jusqu’à la rivière. La longueur du temple est de six vingts pas et de largeur quarante, il faut descendre avec peyne et hazard pour approcher de l’entrée devant laquelle il y a comme un portique couvert d’une voûte du même rocher. Il n’y a que deux ouvertures pour éclairer le temple. L’entrée est fort basse et il faut se baisser et se traîner sur le ventre, jusqu’à ce que l’on soit arrivé sous la nef du temple, lequel était du temps de la religion païenne de grande recherche et renommée et était visité des personnes de loin. II s’y commettait des superstitions tant et plus, là les fées qu’ils tenaient pour des déesses et oracles étaient implorées pour conseil et assistance, pour savoir bien faire et expédier leurs affaires et négoce d’importance… ce lieu est le plus haut de tout le mont Jura d’où l’on peut voir sept lacs et à trois journées à la ronde, le pays circonvoisin… On était en cette croyance que les fées pouvaient avoir la connaissance de tout ce qui se passait dedans le monde alentour principalement de ce pays, mais aussi la communication des choses célestes. Il y a 1300 ans que cette dévotion a été établie… le temple était alors plus qu’admirable… etc.»

 

Cette étrange description paraît être le résultat d’une confusion faite avec un autre temple qui, au dire de gens érudits, devait se trouver près du sommet de Chasseron. Il devait être dédié à Mercure. Cette donnée d’un temple sur le Chasseron est basée sur une découverte de tuiles et de monnaies romaines faite au pied nord de la roche. Rien de tout cela ne peut être démontré. Le narrateur Zchokke, que l’on dit pourtant avoir visite la Côte-aux-Fées, donne dans son «Fugitif du Jura» des descriptions de cette grotte qui semblent avoir été empruntées au manuscrit ci-dessus. Les deux héros de l’histoire, Florian et Hermione, sont représentés comme se promenant, une lanterne à la main, sous les longues et grandes voûtes de la grotte. «Les rochers s’arrondissaient au-dessus de leurs têtes, et se perdaient à l’infini dans les ténèbres que dissipait à peine à quelques pas la faible clarté de la lanterne. De loin en loin, des rochers blanchis s’avançaient dans l’ombre comme des spectres menaçants, et l’on apercevait dans l’éloignement des images fantastiques, des colonnes et des arceaux chargés de stalactites.» Le touriste qui se rend à la Grotte-aux-Fées avec cette description dans l’esprit est singulièrement déçu et il trouve tout autre chose qu’un Temple-aux-Fées, ainsi que l’appelle Zchokke, car il ne s’agit que d’un couloir naturel dans la montagne.

 

Amiet 4 raconte encore au sujet de cette grotte qu’elle possédait au temps du paganisme un renom universel. On y venait de tous les quartiers du monde, dit-il, à cause de Mercure qui y donnait des oracles par les fées qui faisaient leur demeure dans ce temple souterrain. Tout cela n’est que pure fantaisie. Il y a sans doute un grand intérêt à visiter cette petite grotte, mais il vaut mieux s’y rendre avec la pensée d’admirer un site sauvage que d’y trouver des choses bien remarquables. Osterwald est l’auteur qui en fait la description la plus véridique.

 

L’entrée de la grotte donne sur la pente des rochers de Longeaigue et il est assez malaisé de l’atteindre. L’ouverture est basse et l’on ne peut y passer sans se baisser, mais à deux ou trois pas, la voûte s’élève et il est possible de se tenir debout. C’est une espèce de vestibule d’où le souterrain se partage en trois allées dans lesquelles il n’y a rien de très intéressant. Dans un de ces couloirs se trouve un puits. La principale allée est fort basse et très étroite, on ne peut la suivre qu’en se traînant sur le ventre, elle conduit à une ouverture plus grande que celle de l’entrée. De là on découvre le pittoresque vallon de Longeaigue, traversé par la grande route de Sainte-Croix; on distingue aussi une partie du territoire de Buttes. Cette caverne, on le voit, n’est que l’ouvrage de la nature et non pas un monument qui ait servi de temple au paganisme antique, comme quelques auteurs voudraient le faire croire 5.

 

Nous avons encore à mentionner une particularité du Jura qui se retrouve aussi aux environs de la Côte-aux-Fées: ce sont les Baulmes (Balma, avenue). Sur la route des Verrières, à quelque distance dans la forêt, on remarque quelques-uns de ces trous verticaux, la plupart d’une profondeur difficile à constater et qui conservent des amas de neige et de glace durant toute l’année.

 

A côte des curiosités dont nous venons de parler, nous pourrions indiquer encore quelques jolis points de vue, que l’on trouve sur les limites du territoire dans la direction de Buttes, des clairières ravissantes au milieu de pâturages remplis d’une mousse verdoyante, dos sentiers ombragés où la fraîcheur ne fait jamais défaut. Malheureusement, on ne peut jouir longtemps de ces délices champêtres, car l’été de la montagne est court el la végétation, qui se montre tardivement, souffre trop vite des froidures de l’hiver.

 

Nous renvoyons pour les questions géologiques de la contrée à notre Ire livraison (page 30 et suivantes). Nous nous bornons à citer les observations récentes du professeur Jaccard 6:

 

«Une petite chaîne surbaissée, celle de la Vraconnaz, sépare le bassin de l’Auberson de celui des Bolles ou de la Côte-aux-Fées, qui est rempli par les couches du Valangien et du Hauterivien. On n’y a reconnu aucune trace de l’urgonien, ni des grès verts, soit qu’elles ne s’y soient pas déposées, soit qu’elles aient disparu par érosion.»

 

«Il n’existe aucune solution de continuité entre les couches néocomiennes de la Côte-aux-Fées et celle du Val-de-Travers. Une même synclinale se poursuit des Bourquins par Buttes, Travers, les Œillons, le Champ-du-Moulin. Mais une série de profils en travers révèlerait une singulière variété dans la disposition des assises, leurs relations et même leur superposition.»

 

 

1 C’est aussi l’opinion du Docteur Allamand: Essai sur la Mairie des Verrières, page 17.

 

2 Celle de Buttes - Côte-aux-Fées (1849-1853) des Verrières - Côte-aux-Fées (1859-1860) celle de Sainte-Croix (1868-1870)

 

3 Bibliothèque de la ville de Neuchâtel

 

4 Etrennes neuchâteloises de J.-H. Bonhôte, IIe année, page 67. – Amiet vivait en 1692.

 

5 Voir Osterwald: Description de Neuchâtel et Valangin, 1764

 

6 Matériaux de la carte géologique de la Suisse, 7e livraison, 1893.

 

 

Edouard Quartier-la-Tente

Le canton de Neuchâtel. Revue historique et monographique des communes du canton. Troisième série: Le Val-de-Travers.

Avec de nombreuses illustrations originales, des reproductions d'anciennes gravures et quelques cartes.

Neuchâtel, Editeurs Attinger Frères, 1893

 

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