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  • Didier Leuba
  • J'effectue des recherches sur ma propre famille ainsi que toutes les autres familles LEUBA originaires de Buttes et de la Côte-aux-Fées.
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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 10:31

Le terme Huguenot est l'ancienne appellation donnée par leurs ennemis aux protestants français pendant les guerres de religion. À partir du XVIIe siècle, les Huguenots seront appelés Religionnaires, car les actes royaux employaient le terme de Religion prétendue réformée pour désigner le protestantisme. Environ 300.000 d'entre eux ont dû quitter le territoire après les dragonnades et 1685, l'année de la révocation de l'Edit de Nantes.

Étymologie

Son étymologie est disputée.

L'hypothèse couramment admise indique que le mot vient de Eignot de l'allemand Eidgenossen, utilisé d'abord en Suisse et signifiant confédérés ou conjurés, et l'influence du patronyme de Bezanson Hugues, un des premiers chefs protestants suisses ayant négocié l'alliance des cantons. Au sein du Petit-Conseil de Genève ce fut le nom donné aux partisans des Cantons suisses, les partisans du duc de Savoie étant les "Mamelouks". L'encyclopédie catholique propose également l'étymologie Hugon, en référence au lieu de rassemblement des réformés de Tours qui portait le nom d'un comte de sinistre mémoire.

Théodore de Bèze, proche collaborateur et continuateur de Jean Calvin, mentionne une étymologie populaire évoquant un légendaire et hérétique roi « Hugonet », mais cette origine n'est pas retenue.

Histoire

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La croix huguenote


Dès avant la révocation de l'Edit de Nantes, des Huguenots fuient le royaume à cause des pressions et brimades de plus en plus violentes exerçées par le pouvoir royal.

Dès l'année 1680, les huguenots sont victimes de persécutions dans le cadre des dragonnades, du nom d'un corps d'armée, les dragons, organisées par Louvois, le ministre de la Défense de Louis XIV (tortures, dépouillement de leurs biens, viols et violences), ce qui amène Colbert à rédiger un mémoire pour prendre leur défense.

En 1685, la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV supprime définitivement leur liberté de culte et leur survie est clairement en cause s'ils ne se convertissent pas au catholicisme. C'est cet événement majeur qui naturellement conduit la plupart des Huguenots à fuir pour les Provinces unies des Pays-Bas, l'Angleterre, la Suisse ou les principautés allemandes (Cassel, Brandebourg, etc.). Le chiffre d'un million de personnes est couramment cité, sur la base de calculs des historiens, mais les estimations plus prudentes évoquent le chiffre de 200.000 personnes. L'écart vient en partie du fait que l'Edit de Nantes interdit sévèrement toute émigration des huguenots et punit toute aide à l'émigration, obligeant à une extrême discrétion et à la francisation des noms. Les biens des huguenots étant récupérés dans l'illégalité, cette discrétion concerne aussi bien les bourreaux que les victimes.

Les nombreux entrepreneurs huguenots qui ont dû prendre la fuite ont perdu leurs biens mais emporté le plus précieux, leur savoir-faire, car la plupart d'entre eux étaient à l'origine des artisans, qui ont ensuite pris des risques pour se reconstituer un patrimoine.

La discrétion était nécessaire, car fuir était puni par la pendaison ou les galères, pour les hommes, la prison à vie pour les femmes, comme dans la tour de Constance à Aigues-Mortes. Aider les fuyards était jugé encore pire. En août 1686, les 245 huguenots de l’Oisans arrêtés à St Jean de Maurienne sont jetés en prison ou envoyés au Gibet.

Les paysans étaient également nombreux à fuir dans les régions des Alpes, des Charentes et du Midi, car leur abjuration était jugée suspecte et n'empêchait pas les persécutions. Dans L'Encyclopédie, à l'article « Réfugié », on trouve cette citation : « Louis XIV, en persécutant les protestants, a privé son royaume de près d'un million d'hommes industrieux » (article qu'on suppose de Voltaire mais écrit par Dumarsais).

Ceux qui restèrent en France furent persécutés jusqu'au milieu du XVIIIe siècle par les dragons, soldats chargés de persécuter les Protestants en les traitant comme ils l'auraient fait en pays conquis. Certaines grottes du sud de la France portent le nom des huguenots (notamment les prédicants de passage) qui s'y cachèrent pour ne pas être arrêtés.

Les catholiques galiciens et les réformistes, comme Jacques Lefèvre d'Étaples, furent parmi les prédécesseurs des Huguenots. Ceux-ci suivirent le mouvement initié par Martin Luther en Saxe, puis organisé par Jean Calvin à partir de Genève. Ils formèrent les Églises réformées en France, appelées dédaigneusement « religion prétendue réformée » dans les textes officiels.

 

Dans leurs bagages: la soie, le coton, l'imprimerie, l'agronomie et la République

Les premières républiques protestantes de Bâle, Strasbourg, puis Genève, où l'on élit les pasteurs, tranchent sur les systèmes politiques en vigueur au Moyen-âge. Lyon, capitale européenne de l'imprimerie devant Anvers, imprime les premières bibles en langue vulgaire. Toute cette organisation est emportée par les huguenots dans leur fuite, ainsi que les connaissances développées en agronomie et en irrigation ou dans le domaine du textile et de la construction navale, les huguenots étant très nombreux chez les artisans et les armateurs.

Dans son Mémoire pour le rappel des Huguenots, édité en 1689, l'ingénieur Vauban détaille l'ensemble des dégâts qu'à causé sur l'économie française le départ des artisans, marins et soldats protestants. Lorsque il se rend dans le Queyras, Vauban rechigne à fortifier Chateau-Queyras et critique les combats qui ont eu lieu entre l'armée et les populations protestantes locales.

 

Le parcours des Huguenots: la Hollande, première destination

De nombreux Huguenots ont fui aux Provinces Unies des Pays Bas, en Suisse et en Angleterre. L'anciennenté de l'émigration protestante, qui avait commencé au 16e siècle avec le départ de 30.000 protestants flamands d'Anvers pour Amsterdam, et surtout la réputation de cette ville comme capitale des libertés en Europe, en font un noeud de l'émigration vers d'autres régions.

Parmi eux, l'architecte Daniel Marot, réfugié en 1684 aux Pays-Bas, dessine l'intérieur du palais de Het Loo et le grand hall d'audience des Etats-Généraux à La Haye, avant de suivre en Angleterre, Guillaume d'Orange III qui créé très vite la Ligue d'Ausbourg, pour freiner les ardeurs de Louis XIV et du catholique Jacques II devenu roi d'Angleterre en 1685.

En 1688, une expédition de 11.000 fantassins et 4.000 cavaliers quitte la Hollande et débarque en Angleterre, pour organiser la Glorieuse révolution. Parmi eux, trois régiments d'infanterie de 750 hommes chacun, et un escadron de cavalerie, composés de réfugiés protestants en Hollande, auxquels s'ajoutent 730 officiers français disséminés dans les autres régiments, soit 3.300 huguenots. L'ensemble de cette armée est dirigée par le maréchal Armand-Frédéric de Schomberg.

D'autres huguenots réfugiés en Hollande partirent sur l'île de Manhattan en Nouvelle Amsterdam, (l'actuelle New York), où le gouverneur huguenot de la Nouvelle-Belgique, Pierre Minuit avait acheté l'île aux indiens, dans la plus célèbre transaction immobilière de l'histoire, ainsi qu'en Virginie et en Caroline, soit directement de France, soit, plus souvent après une première halte en Angleterre, après avoir anglicisé leurs noms.

C'est d'Hollande et d'Angleterre que les huguenots gagnent les colonies américaines, car le port de La Rochelle, point de départ des corsaires huguenots au 16e siècle a été désarmé par Richelieu en 1624. Les hollandais les envoyèrent aussi en Afrique du Sud pour leurs compétences agricoles, dans la région du Cap, où le hameau de Lormarin est la réplique du village Lourmarin du Luberon.

La famille Van Robais, qui fonda à Abbeville, avec le soutien de Colbert, une manufacture de draps en 1665, employant jusqu'à 1 600 ouvriers, est revenue à Amsterdam après la révocation de l'édit de Nantes, suivie par de nombreux huguenots de la région.

 

Les Huguenots en Brandebourg

Alors que l'empire germanique est encore divisé en 300 états, les protestants français contribuèrent à l’essor de ce qui deviendra, à partir de 1701, le royaume de Prusse, puis, après 1871, le cœur du Reich allemand.

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Osterbrunnen à Marktleuthen
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Osterbrunnen à Weissenstadt


Durant les quarante ans qui suivirent la fin de la guerre de Trente Ans (1648) et la révocation de l'Édit de Nantes (1685), parmi le million de Français qui quittent la France, 50.000 émigrent en Brandebourg dont la plupart sont Huguenots.

Les Prussiens accueillirent volontiers ces Français car leur économie était au plus bas suite à cette guerre de Trente Ans et à cinq épidémies de peste qui firent, à elles seules, 140 000 victimes. Le grand électeur Frédéric Guillaume fait savoir aux communautés du Languedoc et du Dauphiné qu'elles sont les bienvenues. Frédéric Guillaume suivit les cours de l’université de Leyde et s’intéressa, entre autres, au développement du commerce et de l’agriculture.

Les Princes-électeurs de Hesse et du Brandebourg voyant l'opportunité d'accueillir cette population huguenote souvent bien formée et d'un bon niveau intellectuel, prennent des mesures d'accueil à peine dix jours après la révocation de l'édit de Nantes, soit le 28 octobre 1685. Des lopins de terres leurs sont réservés, ainsi que la possibilité de mettre en place une administration parallèle judiciaire et pénale. Les persécutés se transforment en colons. Les nombreux privilèges accordés aux Huguenots, particulièrement ceux liés à la propriété terrienne, attisèrent la jalousie. Malgré cela, l'intégration des Français se passa relativement bien et apporta des "plus" : la venue de nouveaux métiers tels les métiers de l'horlogerie, par exemple, et de nouveaux fruits et légumes, tels les oranges, les citrons, les choux-fleurs, les petits pois et les artichauts.

 

Les huguenots font doubler la population de Berlin et ses bourgs

L'influence des Huguenots français est aujourd'hui remarquable dans les grandes villes d'immigration telles que Berlin ou Francfort-sur-le-Main. Berlin à elle seule, ayant accueilli plus de 35 000 huguenots français, une large partie d'entre eux sont obligés de s'installer dans les campagnes environnantes, ou de fonder des bourgs aux abords de la ville. En 1697, la population de Berlin intramuros atteint 20.000 habitants, dont 4922 français, selon Pierre Miquel. En 1732, ils sont 8.900 pour la seule ville de Berlin.

La ville a construit son économie pré-industrielle ainsi que son centre économique autour du capital et du savoir faire des artisans et commerçants huguenots. Certains quartiers de Berlin ressentent toujours cet héritage. C'est le cas notamment du quartier de la Friedrichstadt, premier foyer d'installation des Huguenots à Berlin.

Parler le français était à cette époque prestigieux, ce qui fit que la plupart des riches Allemands voulurent des professeurs français pour leurs enfants. Ainsi tous les domaines de la culture allemande furent influencés par les colons huguenots. Aujourd'hui, cette influence est attestée par de nombreux signes, tels, par exemple, sur la place du Gendarmenmarkt à Berlin où beaucoup de pancartes ont des noms français. De nombreux termes allemands (devenant cependant entre temps de plus en plus désuets) viennent du français : comme "etepetete" ("être-peut-être" - servant à qualifier une femme prétentieuse) ou "Muckefuck" (de faux-mocca ) pour un café un peu trop clair. (voir l'article sur l'article sur la langue allemande). Après la fin de l'occupation française pendant les guerres napoléoniennes une réaction nationaliste fait disparaître cette tendance.

Des îlots de peuplement virent aussi le jour dans le sud: la ville de Erlangen en Franconie (Bavière), près de Nuremberg) fut fondée par des Huguenots. Près de la frontière tchèque, dans la région du Fichtelgebirge, (nord de l'actuelle Bavière), une tradition perpétue le peuplement protestant : la décoration des fontaines pour Pâques en forme de fleur de lys (Osterbrunnen, photo).

Dorothea Viehman, née Pierson, d'origine messine, réfugiée à Berlin, était l'une des principales conteuses auprès desquelles les frères Grimm ont recueilli les contes réunis dans leur recueil, d'origine française pour beaucoup.

 

Les huguenots à Magdebourg

Le Gard, l'Alsace, la Picardie, la Brie: la diversité des origines des réfugiés à Magdebourg et leurs parcours montrent que cette ville était un des lieux jugés les plus sûrs, même si la population était parfois méprisante.

Jean Meffre du village d'Uzès dans le Gard écrit à sa famille depuis Magdebourg où il est réfugié avec plusieurs milliers de huguenots, que l'on "s'habitue facilement à la bière". Une liste datant de 1703 des Français réfugiés à Magdebourg a été retrouvée par Henri Tollin dans son livre, à la bibliothèque de la Société d'histoire du protestantisme français.

Plusieurs ouvriers orfèvres de Strasbourg ont fui à Magdebourg où ils fondé des entreprises, comme le fils de Johann Nicola Guischard, Johann Philipp Guischard. Une branche de la famille Gruson de Flandres est partie en Allemagne, à Mannheim puis Magdebourg, où un certain Herman Gruson fonda la firme Gruson de Magdebourg et devint par la suite Gruson Krupp.

 

Les huguenots en Saxe et en basse-Saxe

Près de 70 familles de paysans de la Brie ont fui à NeuIsembourg, où elles ont trouvé des terres à cultiver, selon Pierre Miquel. Les Réfugiés huguenots en Saxe-Weimar vont aussi installer de nombreuses manufactures de bonneterie, décrites dans la thèse de Herbert Ellinger en 1933.

 

Les huguenots à Francfort, dans le Palatinat et en Forêt Noire

La ville de Friedrichsdorf près de Francfort a été fondée en 1686 par des réfugiés français. Plusieurs familles viennent de « Bohin en Picardie » c’est-à-dire du hameau de « Rue de Bohain » qui fait maintenant partie de Lemé dans l’Aisne et où il y a toujours une forte tradition protestante. D'autres familles viennent du village de Pourrières, en Val Cluson, aujourd'hui italien.

Sur le versant oriental de la Forêt-Noire, un petit village porte le nom de Queyras, donné par des protestants venus de cette vallée du sud des Alpes françaises en 1685. Paul Eyméoud, également du Queyras (village de Fontgillarde, hameau de Costeroux) a émigré à la même époque au Mexique, où il est mort à Guadalajara.

D'autres protestants du Queyras, du village d'Abries, fondent une colonie agricole dans le Nord de l'Allemagne, à Carlsdorf, près de Rostock, témoignant de la diversité des très nombreux parcours des huguenots à travers l'Europe.

 

Les huguenots de Genève

Les années 1680 ont vu la population de Genève tripler. Alors qu'elle s'élevait à 16.000 habitants, plus de 30 000 huguenots s'y rendent, les premiers étant les plus proches, les paysans du pays de Gex qui chargent 4.000 charettes de leurs récolte. Une partie des arrivants repartira, lors de la Glorieuse rentrée de l'été 1688, qui voit les protestants vaudois du piémont italien réfugiés à Genève en 1687 se réinstaller dans leurs vallées, au terme d'une marche de 200 kilomètres, avec le feu vert du Duc de Savoie, au moment de la création de la ligue d'Augsbourg par Guillaume d'Orange III. Une fois rentrés chez eux, ces vaudois vont accueillir des protestants du Dauphiné venus des vallées voisines, comme le Queyras. Mais les renversements d'alliance du Duc de Savoie les obligent ensuite à fuir en Allemagne.

Ces piémontais avaient été aguerris dès l'épisode sanglant des Pâques Vaudoises de 1655, à l'issue duquel les écrits du pasteur Henri Arnaud avaient averti toute l'Europe protestante, plaçant par cet appel à la vigilance les jalons de la Glorieuse révolution anglaise de 1688.

Les huguenots des villages queyrassins de Saint-Véran et Molines ont été respectivement 86 et 103 à émigrer en 1685, en grande partie à Genève. Parmi eux, les fondateurs de 4 des 3 premières usines d'impression d'indiennes en coton d'Europe: Daniel Vasserot et son neveu Antoine Fazy, tous deux du village de Saint-Véran. Une rue de Genève rappelle leur aventure et leur rôle dans l'histoire des indiennes de coton en Europe. L'un de leurs employés installera ensuite, pour son propre compte, cette industrie à Neuchatel, où s'y mettra ensuite la famille de Pourtalès, puis l'essaimage touche toute la suisse francophone, puis l'Alsace et la France-Comté, en particulier la ville frontalière de Mulhouse, où quatre frères protestants créent en 1746 DMC, et qui deviendra la première capitale européenne du coton, avant sa rivale Manchester.

Genève voit aussi arriver des protestants de la région de Nîmes, en particulier Pierre Cazenove, dont les enfants émigreront à Londres pour fonder la Banque Cazenove, le seul établissement bancaire de l'époque encore en activité.

 

Les huguenots à Gênes

Dès le 16e siècle, le Vivarais et les Cévennes sont des bastions huguenots, grâce en particulier à l'action d'Olivier de Serres.

Plusieurs protestants du Gard et des Cévennes sont partis dans les villes commerçantes italiennes. La famille André de Nîmes est partie dès 1677 dans le grand port italien de Gênes pour fonder une fabrique de toile qui donnera son nom au (blue)-jean et à la toile Denim.

 

Les huguenots au Canada

Quelques milliers s'exilèrent discrètement vers l'Acadie, venant de la région de Loudun, en Charente, où fut organisé un synode protestant. L'Aunis-Saintonge constitue la moitié des souches d'origine des Acadiens, qui une fois au Canada deviennent peu à peu catholiques.

Les nouveaux arrivés boudent Annapolis Royal et s'agglomèrent plus au nord dans les secteurs en forte croissance de Beaubassin et Grand-Pré, découverts en 1681, où ils deviennent "défricheurs d'eau, en utilisant des aboiteaux, une technique importée par des Hollandais pour assécher une partie du marais poitevin sous Sully et qui leur permet de gagner sur la mer ou les rivières des terres fertiles.

Cependant, après la déportation de 1755, organisée par l'Angleterre protestante, les Acadiens font bloc autour de leurs curés et le catholicisme soude désormais les communautés en exil. Les Espagnols demanderont en 1765 aux Acadiens revenus en France de repartir pour le Nouveau-monde afin d'assécher les bayous de Louisiane grâce à leur savoir-faire.

Les huguenots sont aussi nombreux à s'exiler au Québec, dont la population gonfle soudainement après 1685, même si à partir de 1628, il est interdit aux protestants d'émigrer en Amérique du Nord. Les jésuites tiennent solidement l'administration coloniale et si le protestantisme peut durer, c'est chez les coureurs de bois. Selon l'historienne Leslie Choquette, autour de 300 protestants se seraient installés au Canada, à une époque où l'accroissement naturel représente l'essentiel de la croissance démographique.

Pierre Dugua de Mons, Hélène Boullé, Jean-François de La Rocque de Roberval, Pierre de Chauvin, Guillaume de Caen et d'autres figures du Canada francophone étaient des huguenots, comme l'a rappelé l'exposition "Une présence oubliée : les huguenots en Nouvelle-France, au Musée de l’Amérique française".

 

Les huguenots aux Antilles

Selon l'historien Pierre Miquel, plus d'un millier de huguenots ont été déportés de force aux Antilles françaises, où une partie d'entre eux s'est ensuite enfuie pour rejoindre les flibustiers et les boucaniers, au Panama et au Honduras, alors que la caraïbe est prise en main par Charles François d'Angennes à partir de 1678, 4 ans après la vente de son chateau à Madame de Maintenon, nouvelle maitresse de Louis XIV.

Les huguenots sont nombreux à se réfugier dans les 13 paradis des frères de la côte, où ils se mélangent avec les hollandais et les anglais, et luttent ensemble contre la flotte espagnole.

 

Les Huguenots en Afrique du Sud

La Compagnie néerlandaise des Indes orientales, créée en 1602 avec un stock d'or dont le tiers provenait des huguenots des Flandres wallones, les installa en 1688 à 60 kilomètres au Nord du Cap, fondé en 1652, dans le secteur de Franschhoek (le coin des français en néerlandais). Des huguenots du Luberon (Lourmarin et La Motte-d'Aigues) importent la culture du vin, et fondent des hameaux homonymes, dans la première vraie colonie du continent africain, jusqu'alors ceinturé de simple comptoirs.

L'émigration des Huguenots vers l'Afrique du Sud n'a concerné que moins d'un millième des 200 000 à 300.000 protestants qui quittèrent la France après la révocation de l'édit de Nantes. Ces 178 familles firent le voyage sur 4 bateaux, de 1688 à 1691. Les principaux furent le "Berg China" er l'"Osterland" le premier étant le «Voorschooten», parti le 31 décembre 1687.

Les bateaux empruntaient une voie maritime longue, par l’extrémité nord des Iles Britanniques, pour éviter les navire français, naviguant 4 mois avec une forte mortalité: plus de 30 décès pour deux d'entreux. La majorité des réfugiés ne possédant rien ou presque rien en arrivant, érigeaient des constructions toutes simples, dans une vallée boisée infestée de lions et de léopards, peuplée de tribus sauvages, les Hottentots. Le territoire de Franschoek se nommait Oliphantshoek à cause du grand nombre d’éléphants.

Arrivés au Cap, ces 178 familles représentent à elles seules le sixième d'une colonie qui en représente environ un millier et qui avait récupéré après sa création 190 esclaves noirs dans une colonie portugaise des Indes. Une enquête publiée dans le Sunday Times Magazine du 4 octobre 1981, indique que sur les 36 noms les plus usités en Afrique du Sud, 9 sont d'origine huguenote.

Ces protestants étaient originaires pour l'essentiel de deux groupes de régions, l'une s'étendant en arc de cercle du Comté de Flandre à la Saintonge, l'autre allant du Dauphiné au Languedoc en passant par la Provence. Un quart venait du Luberon. Ils ont demandé à être regroupés et bénéficier d’une gestion ecclésiale, avec élection conforme à leur tradition démocratique.

« Parmi eux, il y a des viticulteurs, des spécialistes de la production d’eaux de vie et de vinaigre ; de la sorte, nous espérons qu’ils pourvoiront à la pénurie de certains produits dont vous vous plaignez", écrivait la Compagnie des Indes orientales, qui leur attribuaient fermes, outils, instruments, graines, remboursés plus tard.

Les plants de vigne sont passés de 100 en 1655 (3 ans après l’arrivée de Jan Van Riebeckk), à 1,5 millions en 1700, dont 40.000 pour les frères de Villiers et autant pour Jean Roy, de Lourmarin (Luberon). Le vin d'Afrique du Sud, septième producteur mondial, est concentré à 90% dans l'ex-colonie huguenote

 

Les huguenots de la glorieuse révolution en Angleterre

La région de Canterbury et plusieurs quartiers de Londres ont accueilli des dizaines de lieux de culte huguenots à partir de 1688, après la Glorieuse révolution de 1688 menée par le premier ministre hollandais et futur roi d'Angleterre Guillaume d'Orange III, dont l'armée était dirigée par un maréchal de France resté fidèle à sa foi protestante, le Maréchal Schomberg.

Cette armée franco-néerlandaise de 15.000 hommes, parmi lesquels 3.000 huguenots français réfugiés en Hollande, a défait les troupes Jacobites irlandaises, alliées aux troupes de Louis XIV, à la bataille de la Boyne, dans le sud de l'Irlande. Près de 5.000 huguenots s'installent à Dublin, dont une majorité d'artisans.

Puis le fils du Maréchal Schomberg, le comte Ménard de Schomberg revient dans les Alpes défendre les protestants du Dauphiné: en 1692, avec 1.500 vaudois italiens et 2.000 huguenots réfugiés en Angleterre, il passe le col Lacroix et met le siège devant Chateau Queyras. Un site historique où Vauban exprimera des doutes sur la nécessité de combattre les populations locales et trainera les pieds pour fortifier la citadelle, préférant construire peu de temps après celle de Montdauphin. Ce nouvel épisode militaire coûtera la vie à une partie des réfugiés huguenots en Angleterre.

L'Angleterre accueille beaucoup de protestants du sud-ouest de la France, qui fuient discrêtement par bateau. Manès, d'Angoulême, et plusieurs autres fabricants réputés transportèrent l'industrie du papier à Londres, qui a connu quinze ans plus tôt, en 1666 une terrible peste puis un grand incendie.

Les tisserands de soie huguenots de Tours désertent leur ville pour fonder à l'extérieur des remparts qui bordent la City de Londres le quartier de Spitalfields, qui va dépasser la ville de Lyon, en 1820, pour la consommation de soie brute. De nombreux huguenots de Lyon viennent aussi. Lyon avait connu au 16e siècle une émigration plutôt vers Amsterdam, après une première vague de violences, l'histoire de l'imprimerie à Lyon ayant fait de la ville lyonnaise la capitale de l'imprimerie au détriment d'Anvers, titre perdu au 17e siècle au profit d'Amsterdam puis Londres.

Les huguenots sont très présents dans la vie culturelle et financière de l'Angleterre, qui instaure en 1689 la liberté de religion et la liberté de la presse, créée en 1694 une banque centrale, se dote d'une vraie bourse et du Lloyd's of London. C'est un dénommé Coste, des Cévennes, qui traduit l'oeuvre du républicain anglais John Locke, le Traité du gouvernement civil de 1689, premier ouvrage autorisant le peuple à se révolter en cas d'abus.

Le développement de la Navy et des voies navigables, en étoile autour de Londres, en font en 1700 la nouvelle plus grande métropole européenne, qui contrôle 80% des importations anglaises et 69% des exportations, avec près de 500.000 habitants.

Les traces des huguenots sont visibles dans les secteurs de Tentergrown, Soho, Petitcoat Lane et du marché couvert de Spitalfields, à 900 mètres du Royal Exchange.

 

Les 239 huguenots de Dublin

Jean-Paul Pittion, auteur de The Hugenots in Ireland, an Anatomy of an Emigration a sauvé de l'oubli, il y a 25 ans, le cimetière où l'on peut retrouver par leurs noms les 239 huguenots de Dublin enterrés dans une sépulture collective, qui a survécu dans une petite rue près d'un parc, Mansion Row. Les huguenots de Dublin avaient un autre cimetière, dans Cathédral Lane, utilisé jusqu'en 1865.

Lorsque cette communauté s'est installée dans la capitale irlandaise, elle a dopé sa croissance économique et démographique au point d'en faire dès 1700 la deuxième ville de l'empire britannique. Le quartier de Temple Bar, sorte de quartier latin dublinois était celui des huguenots.

Une partie de ces huguenots servait dans l'armée franco-néerlandaise de 15.000 hommes, parmi lesquels 3.000 huguenots français réfugiés en Hollande, qui a réussi la Glorieuse révolution de 1688 et ensuite défait en 1690 les troupes Jacobites irlandaises, alliées aux soldats de Louis XIV, à la bataille de la Boyne, dans le sud de l'Irlande.

Les premiers huguenots non-combattants arrivèrent en Irlande pour y travailler: cartographes, graveurs, soyeux, artistes, architectes ou agronomes, très vite au nombre de 5.000 personnes, venues de Picardie, Bordeaux et d'autres régions, ils ont beaucoup apporté à cette partie de l'Irlande et ont développé l’industrie de lin à partir de 1698 dans la région de Lisburn.

Dès 1666, le duc d'Ormond avait créé une église de France de la Saint-Patrick et attiré près de Dublin des tisserands huguenots en toile, en espérant qu'ils joueraient un rôle pacificateur après les guerres de Cromwell.

 

Les huguenots en Suède

Moins connue que les autres, plus ancienne, l'émigration en Suède s'explique par le fait que ce pays s'est rangé du côté des protestants pendant les guerres de religion qui en Allemagne se sont soldées par la Paix d'Ausbourg en 1648. Plusieurs milliers de Wallons de Suède, venus pour des raisons religieuses et économiques, en passant par la Hollande, ont en particulier lancé les Forges d'Engelsberg. Entre 1620 et 1750, les exportations de fer suèdoises ont triplé, à 17.300 tonnes par an, en particulier pour les canons des marines anglaises et hollandaises. L'armateur liégeois Louis de Geer accueilli par Guillaume de Bèche qui se trouve en Suède depuis 1595 et exploite les forges de Nyköping et Finspang, en faisant venir des wallons exilés aux Pays-Bas, deviendra le «père de l’industrie suédoise».

Les de Geer se lancent dans le commerce des armes, s'implantent à La Rochelle et prêtent de l’argent au roi Gustave II Adolphe de Suède. Louis de Geer devient partenaire de de Bèche pour les usines de Finspang, d’où sortiront des canons de fer réputés mondialement Entre 1620 et 1640, cinq mille artisans qualifiés sont recrutés en Wallonie, en France (Givet), en Lorraine, avec bureau de recrutement et contrats de travail. Au Nord-Est d’Uppsala, vingt-trois "bruks" (villages de forges), répartis sur quatre communes, produirent jusqu'en 1992, des "gueuses" (barre de fer) à partir de la mine de fer de Dannemora, considérée comme la première du monde, en quantité de minerai extrait comm en qualité.

 

Les huguenots au Danemark

Leur arrivée est plus tardive et réclamée pour leur expertise agronomique dans la culture du tabac. Ils venaient d'une région située entre Stettin et Berlin, de Battin, Bergholz, Rossow, vStrasbourg, Wallmow. Frédéric IV, en plein accord avec son cousin le roi de Prusse, invita trois fermiers Jacob de Vantier, Daniel Le Blond et Paul d’Arrest en accordant des exemptions de taxes, l'ouverture d’une école, le maintien du français et de leur religion.

La ville nouvelle de Frédéricia, dans le Jutland accueille 36 familles en 1721. Les colons s’organisent en communauté avec consistoire, école, et bibliothèque, puis défrichent peu à peu les landes jutlandaises, introduisant la pomme de terre et les artichauts. Ils furent les premiers à produire en deuxième assolement les raves. La communauté huguenote occupait une place importante dans l’activité financière danoise.

 

Les Huguenots de Boston et New-York

Les Huguenots venus directement de France, en particulier après la révocation en 1685 de l'Édit de Nantes par Louis XIV, se sont ajoutés à ceux qui sont passés par l'Angleterre et les Provinces-Unies. Ils ont été nombreux à participer à la croissance de la Nouvelle-Amsterdam (la future New York) et de Boston, où des francophones wallons protestants sont arrivés dès les années 1630 pour fonder la Nouvelle-Belgique avec en particulier un village sur l'île new-yorkaise de Staten Island. Dans la région de New-York, une nouvelle vague arrive dans les années 1680 pour fonder New Paltz, le Nouveau Palatinat, région rhénane d'Allemagne qui les avait accueillis.

Un des premiers recensements à la suite de la Révolution américaine signalera la présence de plus de 100.000 Américains d'origine huguenote, sur environ un million et demi. Les arrivées de colons huguenots dans les 13 colonies sera supérieur au nombre total de colons envoyés en Nouvelle-France durant tout le Régime français, les jésuites s'étant opposés très vite à l'envoi de protestants.

 

Au nord de New-York, la Nouvelle-Rochelleet Esopus

Au nord de New York, en allant sur Boston, ils ont fondé Nouvelle-Rochelle, où ils se sont intégrés aux anglophones en anglicisant leur nom, celui de Rochelle étant un peu sulfureux car la ville avait été assiégée par le cardinal de Richelieu en France. Soixante plus tôt, des huguenots passés par Londres avaient déjà débarqué au Cap Fourchu, avec le Mayflower, aux côtés d'Anglais, près de Boston.

Cinq d'entre eux ont fondé le site qui s'apellaitEsopus du nom de la tribu locale amérindienne, et qui a été rapidement rejoint par des wallons de la Nouvelle-Amsterdam et Fort-Orange. Une quarantaine d'entre eux furent fait prisonniers par les indiens. Pieter Stuyvesant le rebaptisa Wiltwijck (région des cerfs en néerlandais). Une fois la cession des Nouveaux-Pays-Bas aux Anglais effective, en 1664, la ville fut rebaptisée Kingston. En 1777, elle fut promue capitale de l'État de New York, pendant la guerre d'Indépendance américaine.

 

Les huguenots en Virginie et Caroline

Au sud, en Virginie, qui fut le troisième lieu de croissance démographique sur la côte Est, la ville de Manakin, non loin de Richmond (l'ancienne Jamestown) sur la James River, conserve son nom d'origine indienne, où un groupe de sept cents Huguenots se sont établis. Les huguenots sont arrivés à Manakintown en décembre 1700, directement d'Angleterre, la couronne leur ayant donné officiellement des terres sur le Nouveau Monde, acheminés sur les bateaux "Mary and Ann", le "Ye Peter and Anthony" et le "Nassau". Une loi de 1699 leur donne la nationalité anglaise.

On les trouve aussi dans la quatrième et dernière zone de la côte Est, les deux Caroline. Au XVIIe siècle, alors que la Georgie est utilisée comme pénitencier, les deux Caroline sont annexées un peu après la Virgine par de nouveaux colons, dont beaucoup de Hugenots. En Caroline du Sud, le bateau le « Richemond » (nom français) débarqua une cinquantaine de familles en 1685, l'année de la révocation de l'Édit de Nantes. Le voyage a été financé par la couronne d'Angleterre, afin que les huguenots développent la culture de la vigne, du mûrier et de l'olivier.

Dans les décennies qui suivent, les huguenots sont nombreux à emprunter la Great wagon road, qui longe les Appalaches, du Nord au Sud dans l'intérieur des terres, à partir de la Pensylvannie, la colonie créé en 1685 par William Penn, fils de l'amiral William Penn qui a conquis la Jamaïque pour Cromwell en 1655. Cette porte d'entrée des minorités religieuses en Amérique est aussi le pays des Amish, église protestante apparue en Alsace dans les années 1680 et très vite persécutée malgré sa non-violence, décrite dans le film Witness.

L'un des huguenots américains le plus célèbre est Davy Crockett, issu de la famille huguenote de Croquetagne, qui anglicise son nom en se réfugiant en Angleterre, avant de venir dans les Appalaches. En 1828, il est l'élu à la représentant des trappeurs de la "frontière sauvage" du Tennessee, à 700 kilomètres seulement de l'Atlantique, et y combat l'Indian Removal Act du Président Andrew Jackson qui veut déporter les Indiens au délà du Mississipi, à l'époque où le journal Cherokee Phoenixdéfend ces indiens. Christophe Colomb a beau avoir découvert l'Amérique depuis 340 ans, 90% du territoire des Etats-Unis appartient encore aux amérindiens et 98% des colons sont agglutinés sur les 13 petites provinces de la Côte Est. Mais en 1848, la ruée vers l'or attire 300 000 personne en Californie, 350.000 kilomètres de rails sont posés en soixante ans et les indiens disparaissent.

 

Les huguenots dans l'océan indien

De 1691 à 1693, une colonie de flibustiers huguenots a vécu dans l'Océan indien sur l'île rodrigue, avec des indigènes mais sans parvenir à se développer. En 1737, ce sont des français de l'île Maurice et de la Réunion qui leur ont succédé dans l'île.

 

Les huguenots en Amérique du Sud

C'est du hameau de Costeroux, dans le Queyras, que Paul Ebren, mari de Marguerite Eyméoud, a émigré vers 1685 au Mexique, où il est mort à Guadalajara, à une époque où les émigrants non-espagnols sont encore très rares en Amérique du Sud.

A la même époque, on retrouve aussi des huguenots dans le Darien, à la frontière de la Colombie et du Panama, où ils vivent avec les indiens Cunas, dans l'archipel des Îles San Blas, parmi les 13 paradis des frères de la côte, dans ce qui deviendra au 20ème siècle le territoire autonome de Cuna Yala, au sein de la province du Darién.

En 1688 et 1689, ils organisent régulièrement le rendez-vous de l'île d'or, qui consiste à faire traverser une armée de flibustiers anglais écossas et huguenots à travers les jungles de l'isthme, pour accéder aux mers du Sud, une tradition qui remonte aux exploits de Francis Drake et Guillaume Testu à la fin du siècle précédent. En 1715, la communauté compte environ 800 personnes dont plusieurs couples mixtes entre européens et cunas, et cultive le cacao.

 

Les plus célèbres des huguenots 

  • Henri de Navarre, fils de Jeanne d'Albret et futur Henri IV, fut forcé d'abjurer pour sauver sa vie lors du massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), puis prétendre à la couronne de France en 1593 (« Paris vaut bien une messe ! » dit-il à cette occasion).

Pendant son règne, il restaura la paix civile en France en signant l'édit de Nantes (30 avril 1598) et en donnant certaines places fortes aux protestants.

  • Le général huguenot Frédéric-Armand de Schomberg, héros des guerres allemandes qui permirent l'essor de la Prusse et de la ville de Berlin, fut le chef militaire de la glorieuse révolution anglaise de 1688, à la tête de 3.300 huguenots, qui a définitivement installé le parlementarisme en Angleterre, un siècle avant la France et mis en place toutes les bases de la révolution industrielle.
  • Olivier de Serres est à l'origine du développement de la culture de la soie en Europe. Il a causé ainsi la ruine du commerce vénitien.
  • Un autre célèbre huguenot, Ambroise Paré, le chirurgien des rois, mais aussi un révolutionnaire qui est à l'origine de plusieurs instruments de médecine actuel.

(source Wikipedia)

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 15:02

D'après une information fraîchement reçue de la part de Monsieur Jean-Bernard LEUBA (www.boudry-historique.net), les LEUBA seraient des émigrés victimes de l'Edit de Nantes.


L'Edit de Nantes, signé le 30 avril 1598 et non le 13 comme on l'a longtemps cru, par Henri IV, par lequel le roi de France reconnut la liberté de culte aux protestants, selon plusieurs limites et leur concéda deux principaux "brevets" : un nombre conséquent de places de sûreté en garantie (environ 150) et une indemnité annuelle à verser par les finances royales.

Henri IV lui-même était un ancien protestant, et avait choisi de se convertir au catholicisme afin d'accéder au trône. La promulgation de cet édit mit fin aux guerres de religion qui ont ravagé la France au XVIe siècle, et constitue une amnistie mettant fin à la guerre civile. (30 avril 1598)

 

[L'acte original, signé le 30 avril 1598, a aujourd'hui disparu. L'original conservé à Paris, aux Archives nationales, est un texte plus court, scellé au début de l'année 1599, après des remaniements imposés par le clergé et le Parlement de Paris. Le contenu de l'Edit primitif nous est connu à travers une copie conservée à Genève.]


Historique

 

Antécédents

L'édit de Nantes, qui clôt en France la période troublée de guerre de religions, n'est pas le premier texte de ce type en France. Suite aux troubles constatés depuis quatre décennies, le roi de France Charles IX signe l'édit de Saint-Germain (ou édit de Janvier) le 17 janvier 1562 qui a le même esprit que le futur édit de Nantes en accordant la liberté de culte aux protestants dans les faubourgs. On peut noter également l'édit d'Amboise (19 mars 1563) qui réduit les droits aux seuls gentilshommes, ainsi que la paix de Saint-Germain (8 août 1570) qui accorde la liberté de conscience, la liberté de culte et quatre places fortes : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité-sur-Loire. Ce qui fait la différence entre ces textes et l'édit de Nantes, c'est la mise en application réelle de ce dernier grâce à l'autorité d'Henri IV, qui était lui-même un ancien réformé. Voir également : la liste des Édits de Pacification.

 

Élaboration du traité

Le futur « Édit de Nantes » est préparé à Angers.
Du 7 mars au 12 avril
1598, Henri IV fait d'Angers sa capitale d'un moment. Face à la Bretagne longtemps indépendante, Angers, bien située aux marches du royaume, était une place forte d'importance.
L'
acrostiche accolé sur le nom d'Angers témoigne de l'importance de la cité angevine :


Henri IV par Frans Pourbus le Jeune.

 

  • Antique clef de France,
  • Necteté de souffrance,
  • Garant contre ennemys,
  • Estappe d'assurance,
  • Recours de secourance,
  • Securité d'amys.


En
1597, la ville d'Amiens est reprise aux Espagnols. Henri IV peut tourner toutes ses forces vers le dernier bastion de la Ligue, allié des Espagnols : le duc de Mercoeur, gouverneur de la Bretagne. La situation de ce dernier n'est plus tenable : l'ensemble du royaume de France est revenu dans l'obéissance royale, grâce aux succès militaires du roi et à sa conversion au catholicisme.

Dans les premiers jours de 1598, le roi envoie ses armées vers la Bretagne et se met en chemin par la vallée de la Loire. Des milliers de soldats convergent vers l'Anjou et Angers devient une ville de garnison.

Le sieur de La Rochepot, gouverneur de la place d'Angers, organisa avec la population et les édiles locaux, l'accueil et le séjour du Roi de France.

Arrivée à Angers, Henri IV multiplie les gestes symboliques pour rallier tout à fait les catholiques d'esprit ligueur. Il se rend à la cathédrale pour entendre la messe. Il reçoit à genoux, à l'entrée de l'église, la bénédiction de l'évêque. Quelques jours après, il suit la procession des Rameaux, une palme à la main et son collier de l'ordre du Saint-Esprit sur les épaules. Henri IV lave les pieds à treize pauvres au palais épiscopal, touche les malades des écrouelles sur le parvis de la cathédrale suivant la tradition royale. Enfin il pose la première pierre du couvent des Capucins, toujours à Angers.

Pendant ce temps le duc de Mercœur envoie sa femme, la duchesse de Mercoeur, en compagnie de ses représentants auprès du roi de Navarre, pour négocier sa soumission. (La Bretagne se soulève contre leur duc et Mercoeur perd plusieurs places fortes bretonnes qui rallient le Roi de France, la dernière en date Dinan, dans la quelle la population, secourue par les Malouins, crie « Vive le Roi », « Vive la liberté publique »)). Henri IV refuse d'accueillir la dame de Mercoeur à Angers. Elle est refoulée aux Ponts-de-Cé (faubourg sud d’Angers situé sur la Loire). Néanmoins elle rencontre la Maitresse du roi, Gabrielle d'Estrée. Les deux femmes se mettent rapidement d'accord pour un mariage entre la fille unique des Mercoeur, Françoise avec César de Vendôme, fils naturel du roi et de Gabrielle d’Estrée. Après cette entrevue, Henri IV se laisse convaincre par sa Maîtresse et accepte enfin de recevoir à Angers, la femme de Mercoeur, ainsi que les délégués envoyés par son mari.

Entre deux parties de chasse, Henri IV prépare la reddition du duc de Mercœur et la préparation de l’édit de pacification. Un accord est signé avec les émissaires de Mercœur le 20 mars : il renonce à son gouvernement de Bretagne moyennant une énorme somme d’argent (on parle de 2 millions de livres sur les 30 millions utilisés pour le rachat des Ligueurs), mais doit consentir au mariage de sa fille unique Françoise avec César de Vendôme, fils naturel du roi et de Gabrielle d’Estrée.

Le 28 mars, le duc de Mercoeur rencontre Henri IV à Briollay, chez le duc de Rohan avec lequel le roi aime chasser. Mercoeur se jette aux pieds du Roi et jure de lui être fidèle. Duplessis-Mornay, ami fidèle d'Henri IV assiste à cette situation bien manoeuvré par Mercoeur. Le roi n'est pas dupe et accepte cette soumission de bonne grâce. Il est vrai que Mercoeur possède encore des forces militaires, notamment avec la présence de 2 000 Espagnols qui campent au Pellerin le long de la Loire et de 5 000 autres au Blavet sous le commandement de son allié Don Juan d’Aguila.

Mercoeur s'en retourne à Nantes. Le 23 mars un impôt est levé pour couvrir les frais de réception pour l'accueil du roi de France. Entre temps, Mercoeur démobilise ses propres troupes.

Le contrat de mariage est signé au château d'Angers le 5 avril 1598.

Le roi peut alors quitter définitivement Angers pour Nantes le 12 avril, laissant son grand conseil au couvent des Jacobins d'Angers mettre la dernière main à la rédaction de l’édit qui sera signé à Nantes, vraisemblablement le 30 avril 1598. Henri IV reçoit les ambassadeurs d'Angleterre et des Provinces-Unies qui tentent de le persuader de continuer la guerre contre l'Espagne, mais le Roi de Navarre tient à mettre un terme à tant d'années de souffrances, de malheurs et de calamités dans son royaume, comme le rapporte Sully.
Le
2 mai 1598, la Paix de Vervins est signée entre la France et l'Espagne. Le royaume récupère toutes ses possessions au Nord du pays et les troupes espagnoles quittent Le Pellerin et le Blavet.

À l’époque, l’édit n’est pas appelé « édit de Nantes », ni même « édit d’Angers » mais « édit de pacification ».

 

L'édit de pacification 

L'édit de Nantes fut signé en plusieurs textes les 3 et 30 avril 1598.

Contrairement à une idée reçue, l'édit de Nantes "ne fut pas un acte gracieux, dû à la volonté du roi, dans la plénitude de sa souveraineté, mais un traité dont les articles furent débattus comme avec des belligérants" (Jacques Bainville, Histoire de France, Marabout, 1986). Garantissant la liberté de conscience partout dans le royaume, il accorde la liberté de culte dans les lieux où le protestantisme était installé avant 1597 ainsi que dans 3500 châteaux de seigneurs justicieux et dans deux localités par bailliage.

Dans certaines villes (Bordeaux, Grenoble, Castres), les protestants sont jugés par des tribunaux constitués pour moitié de protestants. Dans certaines villes, le culte protestant est interdit ( Paris, Rouen, Dijon, Toulouse ou encore Lyon..) mais dans d'autres c'est l'inverse (Saumur, Sedan, La Rochelle, Montauban ou Montpellier). Pierre Miquel raconte que les catholiques "qui voulaient garder la foi de leur pères ne pouvaient se rendre à l'église : elle était détruite, ou la porte en était barrée par des piquets, sur ordre d'un chef protestant".

Les Réformés ne seront pas privés de leurs droits civils, auront accès aux charges et aux dignités et pourront ouvrir des académies. Une dotation de 45 000 écus est prévue pour les pasteurs.

150 lieux de refuges sont donnés aux protestants, dont 51 places de sûreté. Ces places pourront être défendues par une armée potentielle de 30 000 soldats.

Il ne faut pas croire non plus que ce traité fut accueilli avec soulagement ; des villes comme Paris, Rennes, Rouen ou autres (villes catholiques) ne le ratifieront qu'au bout de 10 ans sous la menace d'Henri IV alors que des personnes comme Théodore Agrippa d'Aubigné le qualifièrent d'abominable édit.

Une autre idée reçue est l'idée prédominante de tolérance, car, contrairement à ce qui a été longtemps divulgué, elle n'apparaît pas dans l'édit, et d'ailleurs ce mot n'y figure pas. En fait, à cette époque ce mot est négatif. Il est synonyme d'endurer ou encore de supporter. "Si ce que nous nommons tolérance signifie accepter la pensée de l'autre comme aussi vraie que sa propre opinion, voilà qui est parfaitement impossible au XVIe siècle. Dans le domaine religieux, chacun est sûr de détenir la vérité. Connaissant cette dernière, sachant que l'autre est dans l'erreur et joue son destin éternel, il serait criminel de l'abandonner et de renoncer à ce que nous appellerons un droit d'ingérence pour le sauver, y compris par la force" (Gabriel Audision, Le Figaro, 30 avril 1998).

Les Catholiques voient cet édit comme un moyen de contenir les protestants en attendant leur disparition, une sorte de pis-aller en somme. De leur côté les protestants ne considèrent cet édit que comme une pause dans la conversion des catholiques : "Dirons-nous qu'il faut permettre la liberté de conscience ? Pas le moins du monde, s'il s'agit de la liberté d'adorer Dieu chacun à sa guise. C'est un dogme diabolique" déclara en 1570 Théodore de Bèze, le successeur de Jean Calvin. En 1586, Catherine de Médicis s'adresse au vicomte de Turenne : "roi ne veut en ses États qu'une religion". Ce à quoi le vicomte répond "Nous aussi. Mais que ce soit la nôtre".

En pratique, l'édit de Nantes marque un tournant dans l'histoire des mentalités : sa signature marque la distinction entre le sujet politique, qui doit obéir, quelle que soit sa confession, à la loi du roi, et le croyant, libre de ses choix religieux dorénavant cantonnés à la sphère privée. L'homme se coupe en deux : une moitié publique, et une moitié privée ; les actions et les actes sont soumis sans exception à la loi du monarque.

Pierre Joxe a mis en valeur un des paradoxes de l'édit de Nantes. Il montre que ce texte, communément présenté comme fondant la tolérance, n'a pas toujours autant bénéficié aux protestants qu'on le croit. En revanche, il fonde, autour d'une religion d'État dont le souverain est le pivot, l'absolutisme. Son aboutissement est une véritable religion royale, qui culminera avec Louis XIV le roi de "droit divin" à Versailles, en « religion solaire ». L'édit conduit finalement la France à sacraliser un roi à un degré sans équivalent en Europe.

On voit d'ailleurs que les États généraux ne se sont réunis qu'une seule fois entre 1598 et la Révolution : les États généraux de 1614, qui furent convoqués par Louis XIII.

 

Révocation 

La révocation s'est faite en trois étapes.

 

La révocation des clauses militaires (1629) 

Le versant militaire de l'édit de Nantes, à savoir la possibilité pour les protestants de conserver des places fortes militaires, avait été révoqué sous le règne de Louis XIII, par la promulgation de l’édit de grâce d’Alès (28 juin 1629).
Celui-ci, qui fait suite au
siège de la Rochelle, ville protestante, en 1628, interdit les assemblées politiques et supprime les places de sûreté protestantes. Mais il maintient la liberté de culte dans tout le royaume, sauf à Paris.

 

La politique de conversion (années 1660 - 1685) 

Louis XIV, par Hyacinthe Rigaud


À partir des années 1660, une politique de conversion des protestants au catholicisme fut entreprise par Louis XIV à travers le royaume. Elle s'exerce par un travail missionnaire, mais aussi par diverses persécutions, comme les dragonnades. Les dragonnades consistent à obliger les familles protestantes à loger un dragon, membre d'un corps de militaires. Le dragon se loge au frais de la famille protestante, et exerce diverses pressions sur elle.

Cette politique de conversions plus ou moins forcées fut efficace, au moins officiellement, et on vit se développer une pratique clandestine du protestantisme, chez de nouveaux convertis au catholicisme.

Le nombre de protestants "officiels" chuta fortement, et l'édit de Nantes, formellement toujours valide, fut vidé de son contenu.

 

La révocation définitive (1685)

Pour achever cette politique, Louis XIV révoqua le versant religieux de l'édit de Nantes en signant l'édit de Fontainebleau, contresigné par le chancelier Michel Le Tellier, le 18 octobre 1685. Le protestantisme devenait dès lors interdit sur le territoire français.

Cette révocation entraîna l'exil de beaucoup de huguenots, affaiblissant l'économie française au bénéfice des pays protestants qui les ont accueillis : l'Angleterre et ses colonies de la Virginie et de la Caroline du Sud, l'Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et ses colonies du Cap et de la Nouvelle-Amsterdam, cette dernière anciennement située sur le territoire du New York et du New Jersey d'aujourd'hui. On parle très approximativement de 300.000 exilés, dont beaucoup d'artisans ou de membres de la bourgeoisie.

La révocation de l'édit de Nantes a aussi eu pour conséquences indirectes des soulèvements de protestants, comme la guerre des camisards des Cévennes, et une très forte érosion du nombre des protestants vivant en France, par l'exil ou la conversion progressive au catholicisme.

Sous les successeurs de Louis XIV, le protestantisme resta interdit, mais l'interdiction fut appliquée de façon progressivement moins militante, et de nombreuses communautés protestantes purent de ce fait subsister.

En 1787, Louis XVI institua l'édit de tolérance, qui mit fin aux persécutions.

Il faudra attendre la Révolution française de 1789 pour que le protestantisme retrouve totalement droit de cité.

Ce fut trois ans après cette révocation, que, selon beaucoup d'historiens, la Croix huguenote fut inventée à Nîmes par Maystre.

Une découverte historiographique récente montre que l'édit de Nantes n'a pas été scellé avec de la cire verte, utilisée pour les édits perpétuels, mais avec de la cire brune, comme un édit temporaire. Problème de chancellerie ou calcul politique ? Le débat reste ouvert.

(source Wikipedia)

Voir aussi: L'Edit de Nantes en 30 questions

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