D'après une information fraîchement reçue de la part de Monsieur Jean-Bernard LEUBA (www.boudry-historique.net), les LEUBA seraient des émigrés victimes de l'Edit de Nantes.
L'Edit de Nantes, signé le 30 avril 1598 et non le 13 comme on l'a longtemps cru, par Henri IV, par lequel le roi de France reconnut la liberté de culte aux protestants, selon plusieurs limites et leur concéda deux principaux "brevets" : un nombre conséquent de places de sûreté en garantie (environ 150) et une indemnité annuelle à verser par les finances royales.
Henri IV lui-même était un ancien protestant, et avait choisi de se convertir au catholicisme afin d'accéder au trône. La promulgation de cet édit mit fin aux guerres de religion qui ont ravagé la France au XVIe siècle, et constitue une amnistie mettant fin à la guerre civile. (30 avril 1598)
[L'acte original, signé le 30 avril 1598, a aujourd'hui disparu. L'original conservé à Paris, aux Archives nationales, est un texte plus court, scellé au début de l'année 1599, après des remaniements imposés par le clergé et le Parlement de Paris. Le contenu de l'Edit primitif nous est connu à travers une copie conservée à Genève.]
Historique
L'édit de Nantes, qui clôt en France la période troublée de guerre de religions, n'est pas le premier texte de ce type en France. Suite aux troubles constatés depuis quatre décennies, le roi de France Charles IX signe l'édit de Saint-Germain (ou édit de Janvier) le 17 janvier 1562 qui a le même esprit que le futur édit de Nantes en accordant la liberté de culte aux protestants dans les faubourgs. On peut noter également l'édit d'Amboise (19 mars 1563) qui réduit les droits aux seuls gentilshommes, ainsi que la paix de Saint-Germain (8 août 1570) qui accorde la liberté de conscience, la liberté de culte et quatre places fortes : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité-sur-Loire. Ce qui fait la différence entre ces textes et l'édit de Nantes, c'est la mise en application réelle de ce dernier grâce à l'autorité d'Henri IV, qui était lui-même un ancien réformé. Voir également : la liste des Édits de Pacification.
Le futur « Édit de Nantes » est préparé à Angers.
Du 7 mars au 12 avril 1598, Henri IV fait d'Angers sa capitale d'un moment. Face à la Bretagne longtemps indépendante, Angers, bien située aux marches du royaume, était une place forte d'importance.
L'acrostiche accolé sur le nom d'Angers témoigne de l'importance de la cité angevine :
- Antique clef de France,
- Necteté de souffrance,
- Garant contre ennemys,
- Estappe d'assurance,
- Recours de secourance,
- Securité d'amys.
En 1597, la ville d'Amiens est reprise aux Espagnols. Henri IV peut tourner toutes ses forces vers le dernier bastion de la Ligue, allié des Espagnols : le duc de Mercoeur, gouverneur de la Bretagne. La situation de ce dernier n'est plus tenable : l'ensemble du royaume de France est revenu dans l'obéissance royale, grâce aux succès militaires du roi et à sa conversion au catholicisme.
Dans les premiers jours de 1598, le roi envoie ses armées vers la Bretagne et se met en chemin par la vallée de la Loire. Des milliers de soldats convergent vers l'Anjou et Angers devient une ville de garnison.
Le sieur de La Rochepot, gouverneur de la place d'Angers, organisa avec la population et les édiles locaux, l'accueil et le séjour du Roi de France.
Arrivée à Angers, Henri IV multiplie les gestes symboliques pour rallier tout à fait les catholiques d'esprit ligueur. Il se rend à la cathédrale pour entendre la messe. Il reçoit à genoux, à l'entrée de l'église, la bénédiction de l'évêque. Quelques jours après, il suit la procession des Rameaux, une palme à la main et son collier de l'ordre du Saint-Esprit sur les épaules. Henri IV lave les pieds à treize pauvres au palais épiscopal, touche les malades des écrouelles sur le parvis de la cathédrale suivant la tradition royale. Enfin il pose la première pierre du couvent des Capucins, toujours à Angers.
Pendant ce temps le duc de Mercœur envoie sa femme, la duchesse de Mercoeur, en compagnie de ses représentants auprès du roi de Navarre, pour négocier sa soumission. (La Bretagne se soulève contre leur duc et Mercoeur perd plusieurs places fortes bretonnes qui rallient le Roi de France, la dernière en date Dinan, dans la quelle la population, secourue par les Malouins, crie « Vive le Roi », « Vive la liberté publique »)). Henri IV refuse d'accueillir la dame de Mercoeur à Angers. Elle est refoulée aux Ponts-de-Cé (faubourg sud d’Angers situé sur la Loire). Néanmoins elle rencontre la Maitresse du roi, Gabrielle d'Estrée. Les deux femmes se mettent rapidement d'accord pour un mariage entre la fille unique des Mercoeur, Françoise avec César de Vendôme, fils naturel du roi et de Gabrielle d’Estrée. Après cette entrevue, Henri IV se laisse convaincre par sa Maîtresse et accepte enfin de recevoir à Angers, la femme de Mercoeur, ainsi que les délégués envoyés par son mari.
Entre deux parties de chasse, Henri IV prépare la reddition du duc de Mercœur et la préparation de l’édit de pacification. Un accord est signé avec les émissaires de Mercœur le 20 mars : il renonce à son gouvernement de Bretagne moyennant une énorme somme d’argent (on parle de 2 millions de livres sur les 30 millions utilisés pour le rachat des Ligueurs), mais doit consentir au mariage de sa fille unique Françoise avec César de Vendôme, fils naturel du roi et de Gabrielle d’Estrée.
Le 28 mars, le duc de Mercoeur rencontre Henri IV à Briollay, chez le duc de Rohan avec lequel le roi aime chasser. Mercoeur se jette aux pieds du Roi et jure de lui être fidèle. Duplessis-Mornay, ami fidèle d'Henri IV assiste à cette situation bien manoeuvré par Mercoeur. Le roi n'est pas dupe et accepte cette soumission de bonne grâce. Il est vrai que Mercoeur possède encore des forces militaires, notamment avec la présence de 2 000 Espagnols qui campent au Pellerin le long de la Loire et de 5 000 autres au Blavet sous le commandement de son allié Don Juan d’Aguila.
Mercoeur s'en retourne à Nantes. Le 23 mars un impôt est levé pour couvrir les frais de réception pour l'accueil du roi de France. Entre temps, Mercoeur démobilise ses propres troupes.
Le contrat de mariage est signé au château d'Angers le 5 avril 1598.
Le roi peut alors quitter définitivement Angers pour Nantes le 12 avril, laissant son grand conseil au couvent des Jacobins d'Angers mettre la dernière main à la rédaction de l’édit qui sera signé à Nantes, vraisemblablement le 30 avril 1598. Henri IV reçoit les ambassadeurs d'Angleterre et des Provinces-Unies qui tentent de le persuader de continuer la guerre contre l'Espagne, mais le Roi de Navarre tient à mettre un terme à tant d'années de souffrances, de malheurs et de calamités dans son royaume, comme le rapporte Sully.
Le 2 mai 1598, la Paix de Vervins est signée entre la France et l'Espagne. Le royaume récupère toutes ses possessions au Nord du pays et les troupes espagnoles quittent Le Pellerin et le Blavet.
À l’époque, l’édit n’est pas appelé « édit de Nantes », ni même « édit d’Angers » mais « édit de pacification ».
L'édit de Nantes fut signé en plusieurs textes les 3 et 30 avril 1598.
Contrairement à une idée reçue, l'édit de Nantes "ne fut pas un acte gracieux, dû à la volonté du roi, dans la plénitude de sa souveraineté, mais un traité dont les articles furent débattus comme avec des belligérants" (Jacques Bainville, Histoire de France, Marabout, 1986). Garantissant la liberté de conscience partout dans le royaume, il accorde la liberté de culte dans les lieux où le protestantisme était installé avant 1597 ainsi que dans 3500 châteaux de seigneurs justicieux et dans deux localités par bailliage.
Dans certaines villes (Bordeaux, Grenoble, Castres), les protestants sont jugés par des tribunaux constitués pour moitié de protestants. Dans certaines villes, le culte protestant est interdit ( Paris, Rouen, Dijon, Toulouse ou encore Lyon..) mais dans d'autres c'est l'inverse (Saumur, Sedan, La Rochelle, Montauban ou Montpellier). Pierre Miquel raconte que les catholiques "qui voulaient garder la foi de leur pères ne pouvaient se rendre à l'église : elle était détruite, ou la porte en était barrée par des piquets, sur ordre d'un chef protestant".
Les Réformés ne seront pas privés de leurs droits civils, auront accès aux charges et aux dignités et pourront ouvrir des académies. Une dotation de 45 000 écus est prévue pour les pasteurs.
150 lieux de refuges sont donnés aux protestants, dont 51 places de sûreté. Ces places pourront être défendues par une armée potentielle de 30 000 soldats.
Il ne faut pas croire non plus que ce traité fut accueilli avec soulagement ; des villes comme Paris, Rennes, Rouen ou autres (villes catholiques) ne le ratifieront qu'au bout de 10 ans sous la menace d'Henri IV alors que des personnes comme Théodore Agrippa d'Aubigné le qualifièrent d'abominable édit.
Une autre idée reçue est l'idée prédominante de tolérance, car, contrairement à ce qui a été longtemps divulgué, elle n'apparaît pas dans l'édit, et d'ailleurs ce mot n'y figure pas. En fait, à cette époque ce mot est négatif. Il est synonyme d'endurer ou encore de supporter. "Si ce que nous nommons tolérance signifie accepter la pensée de l'autre comme aussi vraie que sa propre opinion, voilà qui est parfaitement impossible au XVIe siècle. Dans le domaine religieux, chacun est sûr de détenir la vérité. Connaissant cette dernière, sachant que l'autre est dans l'erreur et joue son destin éternel, il serait criminel de l'abandonner et de renoncer à ce que nous appellerons un droit d'ingérence pour le sauver, y compris par la force" (Gabriel Audision, Le Figaro, 30 avril 1998).
Les Catholiques voient cet édit comme un moyen de contenir les protestants en attendant leur disparition, une sorte de pis-aller en somme. De leur côté les protestants ne considèrent cet édit que comme une pause dans la conversion des catholiques : "Dirons-nous qu'il faut permettre la liberté de conscience ? Pas le moins du monde, s'il s'agit de la liberté d'adorer Dieu chacun à sa guise. C'est un dogme diabolique" déclara en 1570 Théodore de Bèze, le successeur de Jean Calvin. En 1586, Catherine de Médicis s'adresse au vicomte de Turenne : "roi ne veut en ses États qu'une religion". Ce à quoi le vicomte répond "Nous aussi. Mais que ce soit la nôtre".
En pratique, l'édit de Nantes marque un tournant dans l'histoire des mentalités : sa signature marque la distinction entre le sujet politique, qui doit obéir, quelle que soit sa confession, à la loi du roi, et le croyant, libre de ses choix religieux dorénavant cantonnés à la sphère privée. L'homme se coupe en deux : une moitié publique, et une moitié privée ; les actions et les actes sont soumis sans exception à la loi du monarque.
Pierre Joxe a mis en valeur un des paradoxes de l'édit de Nantes. Il montre que ce texte, communément présenté comme fondant la tolérance, n'a pas toujours autant bénéficié aux protestants qu'on le croit. En revanche, il fonde, autour d'une religion d'État dont le souverain est le pivot, l'absolutisme. Son aboutissement est une véritable religion royale, qui culminera avec Louis XIV le roi de "droit divin" à Versailles, en « religion solaire ». L'édit conduit finalement la France à sacraliser un roi à un degré sans équivalent en Europe.
On voit d'ailleurs que les États généraux ne se sont réunis qu'une seule fois entre 1598 et la Révolution : les États généraux de 1614, qui furent convoqués par Louis XIII.
Révocation
La révocation s'est faite en trois étapes.
Le versant militaire de l'édit de Nantes, à savoir la possibilité pour les protestants de conserver des places fortes militaires, avait été révoqué sous le règne de Louis XIII, par la promulgation de l’édit de grâce d’Alès (28 juin 1629).
Celui-ci, qui fait suite au siège de la Rochelle, ville protestante, en 1628, interdit les assemblées politiques et supprime les places de sûreté protestantes. Mais il maintient la liberté de culte dans tout le royaume, sauf à Paris.
À partir des années 1660, une politique de conversion des protestants au catholicisme fut entreprise par Louis XIV à travers le royaume. Elle s'exerce par un travail missionnaire, mais aussi par diverses persécutions, comme les dragonnades. Les dragonnades consistent à obliger les familles protestantes à loger un dragon, membre d'un corps de militaires. Le dragon se loge au frais de la famille protestante, et exerce diverses pressions sur elle.
Cette politique de conversions plus ou moins forcées fut efficace, au moins officiellement, et on vit se développer une pratique clandestine du protestantisme, chez de nouveaux convertis au catholicisme.
Le nombre de protestants "officiels" chuta fortement, et l'édit de Nantes, formellement toujours valide, fut vidé de son contenu.
Pour achever cette politique, Louis XIV révoqua le versant religieux de l'édit de Nantes en signant l'édit de Fontainebleau, contresigné par le chancelier Michel Le Tellier, le 18 octobre 1685. Le protestantisme devenait dès lors interdit sur le territoire français.
Cette révocation entraîna l'exil de beaucoup de huguenots, affaiblissant l'économie française au bénéfice des pays protestants qui les ont accueillis : l'Angleterre et ses colonies de la Virginie et de la Caroline du Sud, l'Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et ses colonies du Cap et de la Nouvelle-Amsterdam, cette dernière anciennement située sur le territoire du New York et du New Jersey d'aujourd'hui. On parle très approximativement de 300.000 exilés, dont beaucoup d'artisans ou de membres de la bourgeoisie.
La révocation de l'édit de Nantes a aussi eu pour conséquences indirectes des soulèvements de protestants, comme la guerre des camisards des Cévennes, et une très forte érosion du nombre des protestants vivant en France, par l'exil ou la conversion progressive au catholicisme.
Sous les successeurs de Louis XIV, le protestantisme resta interdit, mais l'interdiction fut appliquée de façon progressivement moins militante, et de nombreuses communautés protestantes purent de ce fait subsister.
En 1787, Louis XVI institua l'édit de tolérance, qui mit fin aux persécutions.
Il faudra attendre la Révolution française de 1789 pour que le protestantisme retrouve totalement droit de cité.
Ce fut trois ans après cette révocation, que, selon beaucoup d'historiens, la Croix huguenote fut inventée à Nîmes par Maystre.
Une découverte historiographique récente montre que l'édit de Nantes n'a pas été scellé avec de la cire verte, utilisée pour les édits perpétuels, mais avec de la cire brune, comme un édit temporaire. Problème de chancellerie ou calcul politique ? Le débat reste ouvert.
(source Wikipedia)
Voir aussi: L'Edit de Nantes en 30 questions